À lire
« Voici un essai costaud dans tous les sens du terme! À partir d'une foule de mouvements insurrectionnels n'ayant eu d'autre choix que de s'engager dans la voie de l'autodéfense, la philosophe Dorlin élabore une brillante réflexion sur la violence en s'appuyant sur les penseurs qui l'ont précédé (Foucault, Hobbes, Locke, Butler, Fanon et plusieurs autres). Pour part historique, pour part réflexif, ce livre tâche de comprendre les conditions qui mènent un groupe à vouloir se faire justice soi-même et donc souvent, à s'armer (de compétences martiales ou d'équipement). Comment l'État moderne est-il parvenu à désarmer tant métaphoriquement que littéralement ses citoyens? La délégation complète de la violence à la police et à l'armée est-elle à terme un danger pour la liberté et le bien-être de groupes marginalisés ou minoritaires? On croise aux détours de l'histoire des suffragettes pratiquant le jiu-jitsu pour empêcher l'arrestation de militantes féministes, des Black Panthers opposant la force aux lynchages systématiques, des résistants juifs du ghetto de Varsovie et bien d'autres encore. Dans une société moderne aseptisée qui externalise la violence, la fait l'affaire soit des soldats soit des fous, il apparaît intéressant de se questionner hors des clichés et des mantras creux sur la légitimité de celle-ci dans certaines situations. Car étant donné l'état actuel du monde, l'État de droit pour le moins défaillant, l'avènement d'une société post-violente paraît encore bien loin. Et à voir l'usage qu'en font ceux qui en ont le monopole, on en vient à se demander si une telle chose est souhaitable. »
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