À lire
« Nouvel opus dans la magnifique et toujours avisée collection "Encrages" chez Triptyque, «Parenthèse suisse» ouvre une féconde et stimulante brèche dans la littérature dite de l'altérité. Jules Clara empoigne avec sincérité et force une posture qui fait voler en éclat nos biais et présupposés sur nos errances en terres étrangères. Atrocement belle et pailletée d'intensité et de rondeur, la langue de l'autrice raconte ce contact fait d’ambiguïtés, de distance et aussi de connivence avec la culture suisse qui se révèle à travers ses vagabondages et ses amours furtifs. Jules Clara fait preuve d'une remarquable capacité à détailler ce qui nous occupe en situation de décalage avec l'autre, ce qui nous fait vibrer et ce qui fatalement nous échappe. »
Ce qu’en dit l’éditeur
Vous savez, me disait-il l’autre jour, la Suisse, c’est beaucoup trop petit. Il n’y a vraiment plus de place pour personne, et j’écoutais couler de source une théorie dont l’usure me semblait flagrante.
Il se logeait tout de même dans ses paroles une sorte de vérité, qu’on sentait travaillée par le temps, manipulée. Lourde d’un sens que seule la reprise finit par forger. J’avais répondu, et cette fois je m’en souviens, qu’il devait certainement y avoir de l’espace. Sur le col des montagnes, par exemple, ou dans leurs fissures, qu’il faudrait simplement agrandir. Et réaménager. Faire au paysage quelques entorses ici et là, exploiter à la verticale en érigeant dans la rivière un village sur pilotis, comme il s’en fait ailleurs. S’y mettre en tout cas, c’est ce qu’il fallait. Bien sûr, tout ça, je ne le lui ai pas dit, mais je me souviens de l’avoir pensé. De l’avoir imaginée tout d’un coup, cette place.