À lire
« Il aura fallu attendre près de 15 ans entre le cultissime La horde du contrevent et le nouveau culte que s'apprête à propager Les furtifs. Est-il vraiment besoin de spécifier que le jeu en valait la chandelle? En vérité la chandelle est un phare et son puissant faisceau ne se contente pas de projeter quelques jeux d'ombres sur une paroi rocheuse pour quelques inconscients; il éclaire de nouveaux horizons. Si Damasio est considéré (à raison) comme un maître par autant de lecteurs chevronnés, même si son œuvre ne compte que trois romans et une poignée d'excellentes nouvelles, c'est que tout ce qu'il tisse a l'étoffe du chef-d’œuvre longuement mûrit dans le silence de l'isolement. Les furtifs vient donc compléter le triumvirat romanesque qui règne sans partage sur la SF française (mondiale? Oui, allons-y, mondiale!). Empruntant à la densité philosophique et politique de La zone du dehors et en y insufflant une bonne dose de maturation, Les furtifs moissonne aussi du côté épique et de l'éloge de la camaraderie qui font tout le sel de La horde du contrevent. Le neuf y abonde, que ce soit dans les idées, dans la vivacité de la langue et de ses jeux ou encore dans la typographie. L’exercice du synopsis serait ici vain puisqu'une bonne part du plaisir que recèlent les œuvres de Damasio se trouve dans l'habile déroulé d'une découverte, la rencontre bouleversante avec un livre-monde, un univers en mouvement qui agite les lecteurs qui ont trop souvent tendance à suivre la voie confortable de la lie se déposant au fond des plus ou moins grands crus. Disons cependant, pour les plus insistants d'entre vous que Les furtifs nous fait graviter autour de la quête d'un père et d'une mère pour retrouver leur fille, nous entraîne dans un futur près de notre présent de 20 ans où les villes sont entièrement privatisées et qu'il imagine la rencontre des humains avec une forme de vie jusque-là ignorée. Il est aussi un hommage à toutes les luttes, aux insoumis qui cherchent encore d'autres façons de vivre dans un monde toujours plus uniforme, égoïste, paresseux et figé. Dérouillez-vous, décarcassez-vous, désencancannez-vous; lisez Les furtifs! »
Ce qu’en dit l’éditeur
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR : Alain Damasio et l’éditeur ont créé une police exclusive par laquelle des personnages sont désignés dans le texte. Il est donc fortement recommandé d’utiliser la « police de l’éditeur » (ou « police d’origine ») dans les paramètres de texte de votre logiciel de lecture.
Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.
Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d’une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.
Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d’IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d’écoute et d’échanges. Partout où cela s’avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez.
La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d’auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif.
Biographie
Alain Damasio écrit peu, par exigence.
La Zone du Dehors a été récompensé par le prix du Roman européen Utopiales 2007. Son deuxième roman, La Horde du Contrevent, succès éditorial, critique et public, est déjà un classique des littératures de l'imaginaire.
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