À lire
« Fait de contrastes, de détours et d'emportements, ce grand roman d'un monstre des lettres américaines réussit parfaitement à saisir la vie d'un homme dans la durée. Au cours de ces quarante années qui le mènent de la Deuxième Guerre à l'élite dirigeante de l'édition new yorkaise en passant par les grands domaines terriens de la Virginie et le Londres littéraire, Philip Bowman fera la découverte de lui-même et du monde au gré des événements sans qu'aucun revirement spectaculaire ne se produise. Pour tout individu, veut nous dire James Salter, c'est le chemin parcouru qui compte à la fin. L'amoureux candide fera place à l'amant fougueux, il y aura des déceptions et des échecs, mais toujours le désir conservera sa puissance, son élan. La narration prend la forme d'une course à relais où se succèdent les personnages satellites appelés à revenir dans le récit afin d'introduire d'autres personnages. Il y a juste ce qu'il faut de psychologie et d'étude de mœurs dans le tableau d'ensemble à l'intérieur duquel se meut Bowman et les femmes de sa vie. Car c'est beaucoup un roman sur les femmes, sur le pouvoir d'attraction qu'elles exercent sur ce fils unique élevé par une mère célibataire, aussi courageuse que protectrice. On a droit à de beaux passages sur les mystères de la beauté féminine qui évitent les clichés et l'érotisme de premier degré. C'est aussi un roman sur le métier d'éditeur, sur l'amour des livres dans un monde enclin à la marchandisation de la culture. Impossible de ne pas s'attacher à Philip Bowman, de ne pas sentir battre la vie au fil de ses rencontres et de ses aventures. »
Ce qu’en dit l’éditeur
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc AmfrevilleLa Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. À bord d’un porte-avions au large du Japon, Philip Bowman rentre aux États-Unis. Il a deux obsessions, qui l’accompagneront tout au long de sa vie : la littérature et la quête de l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, et encore dirigées par ceux qui les ont fondées. Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau, et sa réussite s’avère aussi rapide qu’indiscutable. Reste l’amour, ou plutôt cette sorte d’idéal qu’il poursuit, et qui ne cesse de se dérober à lui. L’échec d’un premier mariage, l’éblouissement de la passion physique et le goût amer de la trahison sont quelques-uns des moments de cette chasse au bonheur dont l’issue demeure incertaine. Ce livre magnifique est comme le testament d’une génération d’écrivains, derniers témoins, sans le savoir, d’un monde promis à la disparition. Parce que l’art est le seul lieu où les contraires coexistent sans se détruire, il noue d’un même geste la soif de vivre de la jeunesse et la mélancolie de l’âge mûr, la frénésie érotique et le besoin d’apaisement, la recherche de la gloire et la conscience aigüe de son insignifiance.
Biographie
James Salter est né en 1925 à New York.
Styliste remarquable, souvent comparé à Nabokov, il est également l'auteur d'American Express (prix Faulkner 1988), d'Un bonheur parfait et d'Un sport et un passe-temps, disponibles en Points.
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