Ce qu’en dit l’éditeur
Dans un monde où l’interdit mène à un questionnement moral, la raison est une maladie. La perception pure, l’obligation de la maintenir, enfièvre celui qui redoute la possibilité d’un autre monde et l’intrusion malicieuse de ses « créatures ». Chez Georges Bataille, les femmes incarnent cette dimension insidieuse, elles qui jouissent, prédatrices comme des louves, la fente velue comme des bêtes. Simone, Dirty et Hélène reprennent le langage corporel des désaxés pour mettre en péril la conscience et la vie. Si cette férocité se manifeste de manière moins draconienne chez Anne Hébert, les héroïnes y sont tout de même possédées par l’angoisse. L’outrance – sous les manifestations de la frustration et des pulsions sexuelles – fait de ces femmes des étrangères à qui l’on assigne les noms de diable, de folle, de sorcière. Ainsi ponctuent-elles le récit, orientant le scandale vers la lumière pour mieux révéler la désagrégation de leur existence. On les croirait alors venues d’un ailleurs où le corps malade – en voie de se débarrasser des idéologies – est par lui-même un « envers du monde » laissant soudainement transparaître sa phénoménalité.
Biographie
Titulaire d’un doctorat en études littéraires de l’Université de Sherbrooke, dont les recherches lui ont valu le Prix de la meilleure thèse – édition 2011 « Lettres et Sciences humaines et sociales », Mélanie Beauchemin s’intéresse à la marginalité des figures féminines dans la littérature. Membre du comité de direction du Centre Anne Hébert de 2004 à 2007, elle a collaboré au projet d’ édition critique de l’œuvre d’Anne Hébert de 2004 à 2013. Elle est co-auteure, avec Lori Saint-Martin et Lucie Guillemette, du troisième tome des Œuvres complètes d’Anne Hébert (2014, Presses de l’Université de Montréal), consacré aux romans de la période 1975-1982. Elle vit à Sherbrooke.
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