Ce qu’en dit l’éditeur
Eldorado. Le mot, galvaudé aujourd’hui, évoque n’importe quel pays
paradisiaque. Mais pour les premiers conquistadors qui posèrent le pied
au Nouveau Monde à la fin du XVe siècle, il devint vite cette terre
promise, ce continent de tous les possibles où les indigènes puisaient
des richesses apparemment illimitées.
Véritable quête du Graal, la quête de l’or en Amérique prit maints
visages, sur la foi de légendes toujours plus fantasmées comme celle de
ce roi Inca qui s’enduisait le corps de poudre d’or ou celle de ce
mystérieux lac de Guatavita qui renfermait tant de trésors. Il n’y eut
bien pas un mais des eldorados – selon la jolie
formule de Bernard Lavallé – tant le mythe, né d’abord aux Antilles,
semblait capable de se renouveler sans cesse, au Mexique, au Pérou (XVIe
siècle), au Brésil ensuite (XVIIIe), puis en Californie et en Alaska
(XIXe). S’il se perpétua aussi facilement, c’est sans doute parce que
les conquérants trouvèrent de l’or en quantité suffisante pour y croire.
Et quand l’or se tarit, ils exhumèrent des filons d’argent, de
diamants, puis d’or encore, toujours plus loin.
Au-delà du mythe et de ses avatars, l’auteur s’intéresse surtout aux
conséquences durables sur l’économie, espagnole et portugaise d’abord,
mondiale ensuite, qu’eurent ces apports de richesses soudains. L’Europe,
jusque-là pauvre en métal jaune, fut abreuvée d’or par des routes
commerciales toujours plus actives, modifiant profondément les
équilibres politiques et les rapports sociaux du Vieux Continent. Dans
les colonies de Nouvelle-Espagne ou des Andes, les Indiens, asservis par
un système d’endettement insurmontable, et les esclaves noirs furent
envoyés de force dans les mines pour y extraire les métaux précieux dans
des conditions épouvantables dénoncées par Bartolomé de Las Casas.
Quoique libres, les prospecteurs qui succombèrent à la fièvre de la ruée
vers l’or en Amérique du Nord ne connurent pas de sort plus enviable.
C’est cet envers du mirage, cette réalité d’une histoire toujours
douloureuse que nous dépeint l’auteur en s’attachant aux mentalités des
hommes qui cherchèrent, souvent en vain, un espace à leurs rêves.
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