Ce qu’en dit l’éditeur
Quand tu vas voir un orienteur puis qu'il te dit "bien je vous verrais dans ça, ça serait bon" tu te dis "bien là moi je m'en-vas dans ça, lui il m'a dit que c'était bon". Mais c'est tu ça que tu veux ?
En théorie, le discours rapporté sert spécifiquement à ressusciter des propos d'un autre temps, vestiges d'une expérience de communication enfouie dans la mémoire. Mais spécifiquement ne veut pas dire exclusivement ! L'analyse de l'usage spontané du discours rapporté dans la conversation quotidienne démontre qu'une part importante des propos présentés comme tels ne reproduisent pas les paroles d'un temps passé ni celles d'un auteur défini. On " rapporte " ce que je dit sur-le-champ, ce que quelqu'un s'est dit à lui-même ou aurait pu dire ou se dire, ce que tout le monde a dit, dit, dira ou dirait, ce que l'on ne dira jamais, ce que les autres n'ont jamais dit et, pourquoi pas, ce que l'on a failli dire ! En fait, utiliser les structures directes ou indirectes du discours rapporté, c'est simuler une interaction, mettre en exergue des paroles, distribuer des rôles de premier ou de second plan. Bref, rapporter, c'est mettre en scène des éléments du discours.
Diane Vincent est professeure au département de langues et linguistique de l'Université Laval. Anthropologue et sociolinguiste de formation, elle analyse depuis plus de 20 ans les mécanismes narratifs et argumentatifs présents dans la langue parlée. Ses recherches actuelles portent sur les manifestations de la construction et de l'interprétation du sens en discours spontané, sur la pratique de l'activité conversationnelle et sur la banalité du quotidien. Sylvie Dubois est professeure au département de français et italien à Louisiana State University. Analyste de la conversation et sociolinguiste, ses recherches portent sur le chevauchement et l'interruption en conversation spontanée ainsi que sur le français cadien et créole dans le sud de la Louisiane.